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TOGO. Maître Joseph Kokou Koffigoh lève un coin de voile sur les événements du 03 décembre 1991
« Me Joseph Kokou Koffigoh. Merci pour votre poème qui m’est dédié et l’introduction qui a précédé.
Je ne vous ai en rien voué aux gémonies. Il est clair aujourd’hui pour tous les Togolais qu’en refusant de vous exprimer et de dire à vos compatriotes votre part de vérité sur les événements tragiques du 3 décembre 1991, que vous participez à ne pas éclairer cette génération sur les tenants et les aboutissants de l’attaque qui a conduit la transition dans des abîmes.
Personne ne vous refuse la paternité de la Constitution de 1992 que votre gouvernement a fait adopter par plus de 97% de vos compatriotes.
Votre élection à la tête de la transition avait suscité un espoir de voir le Togo se débarrasser de la dictature. Ce rêve fut de courte durée. Il vous appartient aujourd’hui de dire aux uns et aux autres et à tous ces Togolais qui battent le pavé ce qui s’était réellement passé pour que comme vous le dites, on ne commet plus les mêmes erreurs. Refuser de nous situer fera toujours planer sur vous cette suspicion de trahison dont tous vos compatriotes vous accusent. À mon sens cela n’est nullement une insulte. Je vous dois autant de respect pour me permettre de vous insulter.
Une chose est positive: ma publication vous a permis de sortir du bois et de dire à demi mot ce qu’était le 3 décembre 1991.
Je voudrais pour terminer, dire que je suis à Bruxelles certes, mais si vous avez bien consulté mon profil, vous vous apercevrez que je suis presque chaque 5 ou 6 semaines sur le terrain. Je ne me complais pas seulement d’être dans mon royaume d’accueil pour me prononcer sur cette soif de mes compatriotes à mettre un terme à 50 ans de dictature.
Merci d’avoir répondu à ma requête et à celle des nombreux commentateurs de cette publication même si vous pourrez faire oeuvre utile en nous disant la vérité sur le 3 décembre 1991 et ce qui a fait que notre transition vers la démocratie a échoué.
Si vous le permettez, je reprendrai sur ma page ce poème comme votre droit de réponse suite à ma publication. »
Anani Sossou
POÈME SANS RANCUNE
(À Anani Sossou)
Je pourrais réussir en faisant la satyre;
Les sujets abondent où l’on pourrait choisir:
Exemple, la haine qui devient un loisir
Favori de certains qui n’aiment que médire.
Mieux vaudrait les bénir au lieu de les maudire;
J’ai eu à gouverner dans le temps des martyrs
Qui tombaient un à un pour que notre avenir
Retrouve son éclat et puisse rebondir.
Il fallait un moment arrêter le carnage,
Pour trouver une voie d’entente avec des gages
Donnés mutuellement sans trahir au passage
L’esprit du renouveau et son secret message:
Combattre en sauvant l’unité nationale,
Retenir le pays dans le sens vertical
Pour qu’il ne tombe pas écrasé par le mal
Absolu d’un conflit aux issues trop fatales.
De pauvres ignorants appellent ça trahir!
Et pourtant je suis fier d’avoir pu contenir
L’assaut final des chars qui voulaient démolir
L’espoir en gestation que l’on voyait venir.
Il y avait un moyen de devenir héros:
Fuir jusqu’à Bruxelles pour dénoncer les maux,
Se trouver un refuge au lieu de prendre un seau
D’eau pour tuer le feu qui brûlait le Togo,
Rester dans l’illusion que François Mitterrand
Serait notre secours contre les assaillants,
Croire en J.J. Rawlings qui m’avait dit pourtant
Qu’il ne pouvait tout seul battre nos régiments.
Je rend toujours hommage aux vaillants combattants
Qui ont donné leur vie et ont versé leur sang
Quand les gens sont partis, certains vers le couchant,
D’autres vers l’orient par peur des assaillants.
Épou et Tokofaï, Aboni et Ogou,
Lieutenant Awoumey, morts et toujours debout,
Disparus ou vivants, vous êtes des chouchous
Dans notre mémoire; comme on est fier de vous!
Pourquoi ne pas penser aux gens de l’autre bord;
Ce sont tous nos frères et ils ont eu leurs morts,
Même si nous croyons qu’ils se battaient à tort
Contre le renouveau porté par un vent fort.
La vérité dérange moi je le sais depuis;
Mais je lutte toujours pour sauver les acquis;
Mes vers sont des onguents pour tous les cœurs meurtris
Que cela plaise ou non à Sossou Anani.
Cet homme s’est gardé de mettre à mon crédit
Cette constitution qu’on réclame à grand cri,
Et il a oublié avec son parti-pris
Le premier parlement conquis par nos amis.
Nous étions sur le front pour sauver l’essentiel
Protéger le pays des laves démentielles
De haines tribales qui coulaient par kyrielles
Nous rêvions nous aussi d’un grand peuple arc-en-ciel.
Était-ce criminel que d’éviter la guerre?
Faites-là maintenant! Peuplez les cimetières,
Si le cœur vous en dit; mon passé est derrière;
Très bientôt moi aussi je deviendrai poussière.
Tout le reste appartient aux maîtres de l’Histoire;
Laissons-les démêler dans le fond des mémoires
Ce que chacun a fait dans son coin du terroir
Pour nous faire passer le pont des années noires.
Joseph Kokou Koffigoh
Poème inédit
Lomé le 4 décembre 2017